Valtteri Bottas, pilote de Formule 1, roule à près de 320 km/h sur la ligne de départ-arrivée à Interlagos, au Brésil. Il pleut à verse et la visibilité est quasi nulle. Devant lui, Kimi Raikkonen a perdu le contrôle de sa voiture et s’est écrasé. Bottas passe à toute vitesse à côté de la Ferrari immobilisée avant de plonger dans le premier virage. Ce n’est qu’après la course, en visionnant les images, qu’il réalise qu’il n’avait même pas vu Raikkonen. Le fait qu’il soit passé si près de la Ferrari relevait plus de la chance que du jugement.
La science et l’art de la conduite sous la pluie
Pour piloter sous la pluie, les conducteurs doivent trouver un équilibre entre courage, compétence, science et une touche de magie. Ils opèrent dans le domaine de l’impossible et réussissent d’une manière ou d’une autre à le réaliser. Deux aspects sont essentiels à comprendre lorsqu’il s’agit de courir sous la pluie. Le premier, comme le témoigne Bottas, est que la visibilité est médiocre. Le second est que la piste change de forme lorsque la pluie tombe.
La ligne de course, habituellement collante en raison du passage répété des voitures, devient un ennemi lorsque la pluie commence à tomber. La fine couche de caoutchouc qui se forme sur la piste pendant un week-end de course devient glissante comme de la glace noire. En conséquence, les pilotes sont contraints de quitter la trajectoire habituelle et de s’aventurer en territoire inconnu, sans visibilité.
« En conditions humides, il faut improviser en permanence » explique Fernando Alonso, double champion du monde. « Contrairement aux conditions sèches où le circuit reste stable pendant une heure et demie, en conditions humides, l’eau stagnante sur la piste change constamment.«
Techniques et stratégies pour la conduite sous la pluie
La conduite en conditions humides est très différente de la conduite sur piste sèche. C’est comme comparer le ski alpin et le hors-piste. En ski alpin, vous suivez un chemin prédéfini aussi rapidement que possible. Hors-piste, la montagne est votre toile. « Il y a beaucoup plus de lignes que vous pouvez prendre sous la pluie, » déclare Kevin Magnussen, pilote Haas. « Vous pouvez vraiment utiliser toute la piste. Il y a un potentiel de grip supplémentaire partout, donc vous devez suivre votre instinct. »
Les pilotes doivent également être conscients des changements de température et de la manière dont cela affecte les pneus. Les pneus intermédiaires et les pneus pluie complète ont des caractéristiques de température très différentes. « Les pneus intermédiaires fonctionnent mieux à des températures plus élevées, tandis que les pneus pluie complète sont plus efficaces à des températures plus basses, » explique George Russell, pilote Williams.
Les pilotes doivent aussi prendre en compte le vent et son impact sur la voiture. « Le vent peut absolument affecter la voiture » déclare Russell. « Si le vent souffle dans le sens de la piste, cela peut vous aider à freiner plus tard dans les virages. Mais si le vent vient de face, cela peut rendre la voiture instable.«
Les risques et les récompenses de la conduite sous la pluie
Les pilotes qui excellent dans ces conditions sont souvent ceux qui prennent des risques calculés. « Vous devez être prêt à prendre des risques, mais pas trop » déclare Sebastian Vettel, quadruple champion du monde. « Si vous prenez trop de risques, vous finirez dans le mur. Mais si vous n’en prenez pas assez, vous ne serez pas compétitif.«
En fin de compte, la conduite sous la pluie en Formule 1 est une combinaison de compétence, de courage et d’un peu de chance. Comme le dit Fernando Alonso, « En conditions humides, vous pouvez être un héros ou un zéro en une fraction de seconde. Vous pouvez gagner ou perdre une course en un instant. C’est ce qui rend la conduite sous la pluie si excitante et si imprévisible. »
Et comme le résume si bien Kevin Magnussen, « C’est comme danser sur une corde raide. Vous devez être à la limite, mais pas au-delà. C’est un équilibre très délicat à trouver. Vous devez suivre votre instinct et faire confiance à votre jugement. »